Un article très complet sur le parcours de votre galériste, également président de la Société des Amis des Arts et des Musées de Strasbourg (SAAMS) et romancier à ses heures.
Article paru dans le magazine ZUT de cet été, rédigé par Emmanuel Dosda.
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Les possibilités d’une île
Bertrand Gillig, fervent défenseur d’art – contemporain avec sa galerie – ou patrimonial grâce à son titre de président de la Société des Amis des Arts et des Musées de Strasbourg (SAAMS), bataille pour aider au financement d’un domaine où l’argent ne coule, hélas, pas à flots. Rencontre en son repaire, son île.
Par Emmanuel Dosda
Portrait Pascal Bastien
Rendez-vous « au premier étage d’un élégant immeuble en pierre de taille et en brique de la fin du XIXe siècle ». Telle est la présentation faite de la galerie de Bertrand Gillig. Nous foulons un magnifique parquet et semblons traverser une luxuriante végétation picturale, parmi les étincelants feuillages « avec persistances rétiniennes », les « paysages romantiques » forestiers et autres « cosmologies aquatiques ». Par la fenêtre, un gigantesque sapin (Thuya) danse avec grâce au grès de vent. L’espace habité par les toiles éclatantes de Benoît Trimborn nous fait l’impression (soleil levant) d’un îlot de fraicheur en cette journée caniculaire. Confortablement affalé dans un canapé molletonné, j’écouteBertrand – polo vert pin assorti à ses lacets – me parler de l’écriture de son second roman, une (fausse) enquête sur une (hypothétique) conspiration contre l’Autrichienne Marie-Antoinette qui fit une (véridique) escale sur l’île aux Épis – entre Strasbourg et Kehl – avant de débarquer en France, le 7 mai 1770, pour retrouver Louis XVI. Une folle aventure mêlant histoire et fiction, têtes couronnées et figures complotistes, avec un certain Johann Wolfgang von Goethe et un joli pavillon. Un polar politico-historique insulaire écrit en grande partie dans une résidence secondaire bourguignonne où Bertrand trouve calme bucolique et indispensable inspiration. Son atoll.
D’Apple à Gadenne
Avant de s’adonner à 100% dans sa passion pour la chose culturelle, Bertrand a longtemps œuvré en tant qu’ingénieur commercial pour différentes sociétés, Apple, IBM ou au sein d’une start-up qu’il co-dirigea. Il quitte les gros salaires, le monde du business informatique, les logiciels et de l’intelligence artificielle pour l’Espace G, il y a vingt ans, combinant son expérience et son réseau dans le milieu des affaires ou des stratégies de vente et son goût pour l’art que lui ont transmis sa mère, conseillère pédagogique spécialisée en arts plastiques, et son père, strict inspecteur à l’éducation nationale. « Il pouvait être sévère, mais je remercie aujourd’hui encore mes parents : ils m’ont ouvert les yeux et l’esprit sur l’architecture, les monuments, la peinture, la sculpture… », dit-il reconnaissant.
Monet, money
Les paysages impressionnistes de Monet, les toiles fluides de Marc Desgrandchamps, les aquarelles de Marlène Dumas… Le goût personnel de Bertrand se retrouve bien sûr chez les artistes qu’il défend, en commençant par Ayline Olukman et ses peintures aux allures de carnets de voyages en zones aquatiques, les grues portuaires ou docks de la presqu’île Malraux peints par Patrick Bastardoz ou les coulures picturales desgrandchampiennes deStéphanie-Lucie Mathern. Les contours des figures vaporeuses créées par SLM sont flous et illustrent bien l’ardeur de Bertrand « pour l’absence / présence, la trace, l’effacement et la mémoire ». La vingtaine d’artistes avec lesquels il évolue depuis longtemps, dans un climat de confiance réciproque, est récompensée par une bonne visibilité publique et de bonnes ventes d’œuvres qui rejoignent le salon de discrets collectionneurs ou s’intègrent dans des projets immobiliers comme le quartier d’affaires… Archipel. Dans le giron de Bertrand, des « artistes de la galeries » comme Benoît Trimborn, bien sûr, mais aussi Leonardo Vargas, Patrick Cornillet ou Elisabeth Fréring et ses aquarelles fantomatiques. Il y a également les « artistes invités » sur des one-shot ou foires. Citons François Malingrey, ex-HEAR dont on adore les étranges objets du désir qui habitent ses toiles.
Bertrand et ses « amis »
Sa défense de l’art et des créateurs se mène sur plusieurs terrains. À travers ses activités de galeriste, mais aussi en tant que membre suractif au sein de la SAAMS depuis douze ans et en tant que président depuis deux ans, souhaitant sensibiliser généreux donateurs et autres bienfaiteurs pour leurs contributions à « la préservation et l’enrichissement du patrimoine strasbourgeois ». Les dons, legs et mécénats doivent permettre de poursuivre les actions de la Société des Amis des Arts et des Musées de Strasbourg « dans un contexte de réduction des budgets publics ». Non seulement, la Société, forte de ses 900 membres, enrichie les collections (citons le Portrait de Marie Le Cœur de Renoir ou le Don Juan et la Statue du Commandeur de Fragonnard), mais également aide financièrement à la restauration de pièces maîtresses et précieuses comme le Grand Cabinet des Gobelins(1675) du Musées des Arts décoratifs au Palais Rohan. Dernier « gros coup » de la SAAMS, la participation à l’acquisition d’un sublime Martyre de Sainte-Catherine de Simon Vouet, chef-d’œuvre au clair-obscur caravagesque qui n’est pas sans déplaire à Bertrand. « Je me suis marié à Rome l’an passé. Avec ma femme, nous souhaitions organiser la cérémonie Saint-Louis-des-Français où sont accrochés plusieurs tableaux du Caravage, notre peintre fétiche ! » L’heureux événement a bien failli s’y dérouler, si le couple n’avait pas eu affaire à un ambassadeur dont ils ne partagent pas les mêmes valeurs (actuelles). Finalement, la cérémonie eu lieu en la Basilique San Bartolomeo située sur… l’Île Tibérine. Tous les chemins y mènent.
Galerie Bertrand Gillig
11 rue Oberlin (Strasbourg)
www.bertrandgillig.fr
"Boites à lettres ", rétrospective sous forme de deux temps forts, consacrée à une artiste décédée, Anne Muller-Lassez, pour laquelle Raymond Waydelich a été invité à présenter 5 oeuvres historiques.
Par Myriam Ait-Sidhoum
"Boites à lettres ", rétrospective sous forme de deux temps forts, consacrée à une artiste décédée, Anne Muller-Lassez, pour laquelle Raymond Waydelich a été invité à présenter 5 oeuvres historiques.
« Sonde », un titre énigmatique à double sens. L’idée générale que l’artiste explore à travers ses œuvres repose sur la notion de strates qui s’empilent, celles en surface devant être transpercées pour arriver aux profondeurs du sens et de la représentation.