Le travail de Clément Montolio est resserré sur la question du motif et sur la constitution progressive par recouvrements successifs de formes qui évoluent d’une séance à l’autre.
La peinture de Clément Montolio est resserrée sur la question du motif et sur la constitution progressive par recouvrements successifs de formes amenées à évoluer d’une séance à l’autre. Contrairement aux affinités plus immédiates et fonctionnant sur un principe de juxtaposition, les peintures autonomes travaillées à partir d’un répertoire de formes jouent sur le recouvrement, la stratification des éléments, l’apparition et la disparition de détails ou de motifs ... Dans ces toiles dont le format varie, on observe une occupation de l’espace récurrente : une partition très affirmée entre le ciel et la terre distinguant ainsi clairement des éléments très aériens et d’autres ancrés dans la réalité terrestre. C’est sur cette structure que des variations ne cessent de renouveler d’une œuvre à l’autre les capacités expressives de la peinture. Il s’agit très souvent de paysages, rarement humanisés, semblant fréquemment abandonnés ou fantomatiques. Des structures architecturales simplifiées ou des constructions complexes et inhabitables s’intègrent dans le paysage marqué par la scission première entre des aplats verts et bleutés. Selon les toiles, en fonction des réminiscences de motifs et de la manière dont ils peuvent se déposer sur le support, le traitement chromatique oscille entre des utilisations très aqueuses et diluées, puis des empâtements plus épais et larges qui rigidifient davantage le dessin des contours. La mémoire est largement mise à contribution dans ce travail de recouvrement successif. Un motif précisément tracé s’évanouit sous d’autres couches et peut être réactivé dans une autre toile, dans une phase de l’avancement de l’œuvre qui en garantira la « survivance ». Les paysages inhabités, ou les personnages principaux sont le vocabulaire iconographique lui-même : cabanes, pylônes, ponts, sont donc « peints sur le motif ». Ils sont redéfinis sur une même toile et les strates de matière se superposent jusqu’à faire surgir une articulation de signes et de formes mêlant des transparences ou des opacités ... L’artiste ne se contente pas d’installer la forme sur le support, mais intervient plusieurs fois en déposant une succession de jus propre à donner une complexité à la perception des motifs.
Un même document de référence peut être exploité dans plusieurs peintures et inversement un motif précis peut être construit à partir de multiples ancrages iconographiques pour devenir en peinture un espace improbable, davantage réservé à la contemplation ou au rêve qu’objectif et fonctionnel. Certains motifs prennent une dimension emblématique, c’est-à-dire qu’ils valent par leur caractère exemplaire et non plus seulement pour leur individualité. La cabane en est un particulièrement saisissant, renvoyant à la fois à des détails biographiques de l’artiste ou du spectateur, mais aussi à la question de l’isolement, du retranchement et à l’une des structures d’habitation ou de protection les plus primitives. À ce titre, l’œuvre de Clément Montolio est souvent articulé autour de cette double perception du motif, en bascule entre la valeur iconique d’un sujet (universelle) et des représentations précises et identifiables attachées à une temporalité spécifique.
Extrait d’un texte de Gwilherm Pertuis, Catalogue Montolio 2010
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